Voyage en Chine avec ma fille Charlotte.
Jeudi 5 novembre 2015
Au départ nous étions enthousiastes à l'idée de découvrir Pékin, mais quand on a mis le nez dehors, on a vite déchanté. Il pleuvait à verse et il faisait un froid de canard, il pleuvait tellement que l'on a été obligé d'attendre que ça se calme.
10h00 du matin, il pleut moins, et nous n'allons pas passé la journée ici, c'est le cas de le dire nos jours sont comptés.
Métro, direction la place Tian'anmen, le cœur de la dictature communiste, connue pour ses défilés militaires grandioses, ses manifestations d'étudiants (1989 un étudiant barre la route à une colonne de blindés, les images feront le tour du monde), le grand portrait de Mao sur la façade rouge de la porte de la Paix céleste.
A proximité de la place nous devons passer un contrôle d'identité et de fouille, pour pouvoir y accéder.
La place est impressionnante par sa grandeur, elle fait lugubre avec ses bâtiments de style Stalinien, ses drapeaux rouges qui flottent au vent glacial et la pluie n'arrange rien au décor. La place est pratiquement vide, les touristes l'ont désertée, hormis quelques vendeurs à la sauvette et des policiers, nous avons l'impression d'être seul sur cette grande place. Les seuls mouvements de foule que nous distinguons émanent de la porte de la Paix céleste où trône le portrait de Mao. L'édifice est une des entrée principale de la cité interdite.
Le passage de la place vers l'entrée de la cité interdite nous prend un temps fou. Nous y pénétrons, nous sommes au coude-à-coude, je tiens Charlotte par la main (mon angoisse des vacances, ne pas la perdre), nous prenons la mesure des lieux. Nous décidons de reporter la visite à samedi matin à la première heure, dû à un trop grand nombre de touriste et à une pluie froide.
L'après midi nous reprenons le métro pour la visite du temple des lamas (pas les lamas du Pérou) les lamas du Tibet (les moines Bouddhistes, vous êtes trop nuls, lol, on dit lol quand c'est pour rire sinon on le prend mal). Un grand temple dans la plus pure tradition tibétaine, j'ai l'impression de me retrouver au Népal ou à Shangri-la sur les contreforts du Tibet. Charlotte tourne les rouleaux à prière, allume de l'encens, fait le cérémonial et dépose les offrandes avec respect. Des moines vaquent à leurs occupations sans prêter attention aux touristes. L'endroit est comme d'habitude, calme et empreint de spiritualité, ce sont des endroits que j'affectionne tout particulièrement, pour leur atmosphère qui s'en dégage, leut calme, les odeurs d'encens, la fumée qui imprègne les lieux et la douceur de ces lumières qui feraient le bonheur de tous photographes.
Nous rentrerons à notre hôtel, les pieds en compote et transis de froid.
Qui à dit que nous étions en vacances?
Vendredi 6 novembre 2015
Alors, si hier c'était le pompon aujourd'hui c'est le bonnet, il neige à gros flocons, et ça tient. Il est 6h30 et nous partons pour la muraille de Chine, et bien ça promet.
Nous sautons dans le minibus, nous voilà partis pour 98km, nous allons à Mutianyu, le tronçon le moins touristique de la muraille.
La route est glissante, des branches trop lourdement chargées de neige ont cédé et entravent notre progression.
Après 2h30 de route le bus stoppe, il n'y a guère que quelques bus sur le parking. Nous sommes entourés de collines escarpées, l'endroit est sauvage, la neige fait courber les branches des arbres, au premier regard nous avons l'impression d'être au sport d'hiver.
Nous repérons les lieux. Une télécabine (ça y est on est au ski) nous conduit sur un des tronçons de la muraille.
Pour accéder sur la muraille nous devons passer par une petite ouverture que des marches desservent. Et là ce n'est pas gagné, la neige s'est transformée en glace, les gens peinent à monter, en haut on ne tient pas debout, les gens tombent par peur et gênent tout le monde, c'est le bazar.
Charlotte et moi arrivons à nous éloigner tant bien que mal, on glisse sur plusieurs mètres, et on se rattrape comme on peut, on en rigole, la situation est cocasse.
Nous gravissons 400 mètres de muraille après mainte efforts au périple de nous retrouver les quatre fers en l'air à tout moment.
La muraille est comme un mirage parfois elle est là et parfois elle disparaît sous une épaisse couche de brouillard.
Voilà, Charlotte tu voulais voir la muraille de Chine et bien tu y es.
Nous passerons plus d'une heure à prendre conscience que nous y sommes bien. Elle est telle que l'on pouvait se l'imaginer, démesurée, vertigineuse, très longue (elle se perd dans les nuages), imposante et puissante, elle est l'image qui symbolise la Chine.
Voilà encore une des merveilles du monde à accrocher à mes trophées.
Le but est atteint, le souhait de Charlotte était de voir la Grande Muraille de Chine, et bien mission accomplie, depuis le temps que l'on en parle, nous y sommes.
Les conditions climatiques nous obligent à écourter notre visite, le reste de la journée est un long retour à notre hôtel dans une chambre bien douillette. Nous finirons, assis entre nos lits en buvant une bonne bière chinoise (pour moi et un sprite pour Charlotte) et à manger du poulet cuisiné à la sauce chinoise, moment convivial et riche, cela restera un instant de partage avec ma fille.
Samedi 7 novembre 2015
Aujourd'hui est un jour de froid (4 degrés), le réveil nous sort de nos lits bien douillets, mais le programme est chargé pour cette dernière journée en Chine nous avons rendez-vous avec Mao et la cité interdite, alors allez comprendre : Mao est mort et la cité est interdite.
7h30 place Tian'anmen, on se croirait en Russie avec le vent glacial, les drapeaux rouges, les étoiles rouges (communisme oblige) et les militaires qui marchent au pas, ça fait froid dans le dos.
On commence par Mao, il n'est pas difficile de trouver où ça se trouve, il suffit de regarder où se trouve la foule, il y a, à 7h30, sans rire 2 km de queue pour le mausolée du Président Mao, et bien on n’est pas arrivé. On prend notre place dans la queue, on trottine, mais on avance, des mégaphones canalisent le flux, quelques, chinois pressés de voir leur sauveur, poussent et bousculent, mais on gère, Charlotte va être l'attraction des 60 minutes d'attente, on la prendra presque sans ménagement pour faire quelques photos d'elle. On y prendra grand soin, les mamies l'abriteront sous leurs parapluies au moment où nous sommes passés de la place rouge à la Sibérie (pluie et vent glacial).
Dans une vaste salle, repose dans un cercueil de marbre et de verre le corps embaumé de l'ancien Président, ça fait comme à "Euro Disney", 1 heure de queue pour 1 minute d'attraction. Mais on l'a vu. Nous étions aussi glacés que lui , mais vivant.
Bon, nous traversons la place pour la Cité Interdite, et pour quelque chose d'interdit il y a du monde.
Nous avions vu le film avant (le dernier empereur), et ça nous a servis de fil conducteur. Nous recherchons les lieux du tournage et nous nous remémorons telle ou telle scène.
L'endroit est démesuré, une petite ville à l'intérieur de la ville, tout ça pour des milliers de personnes au service d'un (ou d'une) intouchable, condamné à ne jamais sortir de la cité.
1h30 de visite dans le froid, le vent est glacial, et il ne donne pas envie de s'éterniser, dommage.
Midi, petit repas sur le pouce, achats de quelques souvenirs, pas grand-chose, les finances sont basses et retour à l'hôtel où nous attendrons notre taxi pour l'aéroport bien au chaud.
Voyage terminé, on rentre.
J'ai fait une belle rencontre.
Il y a des jours qui ne laissent pas de temps aux autres, trop souvent les yeux ouverts j'avance comme un aveugle, alors j'arrête au beau milieu de ma vie.
Il y a des jours remplis de doute et des nuits qui rassurent, des moments vulnérables remplis de lucidité.
Alors, je prends la main qu'elle me tend, j'arrête les "attends" et les "deux minutes", et je lui donne mon temps, j'oublie les regrets et les doutes et je prends conscience qu'il y a trop de "je" et pas assez de "tu".
Je ne serai pas coupable de ne pas avoir essayé ces moments rien qu'à nous.
J'ai fait une belle rencontre, celle d'une petite fille qui m'a étonné par sa clairvoyance et sa bienveillance.
Je l'ai fait voyager, elle m'a transporté, je l'ai regardé, elle m'a éclairé, j'ai fait de mon mieux, elle m'a rassuré.
Je sais, ces moments uniques et sans lendemain, ces moments qui ne resteront gravés qu'entre nous, ces instants que l'ont ne vit qu'une fois, ces moments qui bousculent.
J'ai fait une belle rencontre, celle d'une fille qui est la mienne.
A ma fille Charlotte
- Vous pouvez visionner le film de cette belle aventure avec ma fille, pour ce faire, envoyez-moi votre adresse mail dans la rubrique " à vous la parole ", et je vous le partagerai.