Jordanie octobre 2023.
Enfin le départ.
Que leur restera-t-il, qu'allons nous leurs laisser. Des brides de vie, des repaires, des morceaux de nuage entre deux avions. Aujourd'hui, nous allons ajouter une vie à notre existence, nous allons remplir quelques tiroirs à souvenirs, car aujourd'hui, nous partons. Nous avons accroché un petit bonhomme à notre sac à dos, c'est au tour de Célestin d'embarquer dans une de nos aventures, direction la Jordanie, le pays où Indiana Jones, Laurence d'Arabie et tant autres ont laissé leurs empreintes dans le sable chaud du Wadi Rum l'un des plus beaux déserts du monde. Mais nous ne nous contenterons pas du vent chaud du désert et de nuit sous un océan d'étoiles, il y aura Pétra, Pétra la féerique, il y aura la mer rouge ou nous irons côtoyer les poissons clown et la mer morte qui nous offrira un instant magique, puis il y aura le dépaysement du moment, les questions de nos différences, les bons matelas et les mauvais plumard, mais au bout du voyage, définitivement nous aurons changé.
Charlotte est du voyage, et dans cette école de la vie, nous reprenons le large pour une nouvelle aventure, et s'il reste quelques traces d'inconnus entre nous, j'ai hâte d'apprendre et de les combler, j'ai hâte de lui voler un sourire, une surprise, un moment égoïste pour mieux construire un après, une complicité.
Après un départ raté il y a quelques mois, nous revoici dans les starting-blocks.
Départ de bon matin pour ne pas que le jour nous surprenne, notre avion est à 11 h 45 à Roissy. Après un bref aurevoir à Marion et Christophe à l'embarquement où pour tous fardeau nous leurs laissons l'engoisse et gardons l'insouciance nous disparaissons dans les méandres de l'aéroport. Au détour de plusieurs couloirs, de pattes blanches, nous voilà bien installé dans notre siège en partance pour Rome.
Après bien des secousses, Rome nous accueil sous un temps gris, Célestin a aimé le vol, pas difficile le tio-père car pour une première, j'ai connu meilleur vol.
l'Italie sans les pizzas ce n'est pas l'Italie, et comme Rome est en Italie nous en profitons pour combler un dernier trou d'air dans notre estomac, "Uno cotto E fiordilatte et due margaritta".... ça sent le globe trotter vous trouvez pas.
L'appel de l'air nous rappelle à nos obligations, Gate E 24. Sans problème, nous embarquons. Nous quittons Rome sous un déluge de pluie, sans regret, ta pizza était bonne.
Après une heure d'attente sur le tarmac pour d'importante précipitation, nous avons enfin décollé direction Amman. Vol sans problème agrémenté d'un petit repas inattendu.
Amman, après les formalités d'usages pour rentrer au pays, les sacs à dos récupérer, une pancarte "Philippe Claux" à la sortie, 40 mn de Taxi plus tard, nous voici enfin arrivés à notre hôtel. Repos bien mérité.
Amman mercredi 25
Jordanie premier jour "Amman"
Il y a ces mélodies qui endorment, il y a ces mots qui crépitent dans votre tête, et de mon mieux j'écris mes mots avant que la nuit ne me dévore, alors je tiens, car le moment doit être écrit pour lui, pour elle et les autres, alors je m'accroche à la nuit à mes mots, à mes yeux qui piquent.
8 heures, le crépitement de mon téléphone me sort de ma bulle, il y a des jours qui ne vont ressembler à aucun autre, alors en bon capitaine, je me lève.
J'attaque le chapitre avec Célestin sur ce qu'il ne faut pas manger et boire, pas de jus d'orange à l'eau, pas d'eau non capsulé, pas de fruit qui ne s'épluche pas, pas de glace, etc... Un "j'ai compris", que je prends pour signature.
Direction le petit-déjeuner, olives, houmous, marmelades, pas de café !!!! Pour moi le café, c'est l'huile qui éclaire ma journée. Mais, heureusement, ma femme me connaît, sa bienveillance m'a glissé quelques dosettes de café dans mon sac. Merci ma chérie.
Installés à notre table, mon Célestin arrive avec son petit-déjeuner et.... avec un verre de jus d'orange à la flotte !!!! En bon capitaine, je ris et je râle, il avait signé... il en a pris pour deux semaines fermes, libération le 4 novembre.
Le moment et venu, le chapitre "Amman" est ouvert, sac à dos sur le dos, direction le théâtre antique, à 9 h, nous commençons à jouer à cache-cache avec le soleil, l'ombre devient notre marelle.
Les marches nous donnent le tournis, la Citadelle sera notre chemin de croix. Quelques pierres plus loin et beaucoup d'imagination pour s'imaginer qu'un jour ici, c'était beau et grandiose. Alors nous profitons du lieu, du moment.
L'après-midi, les démons se réveillent, la famine les guettes, alors pour éviter la disgrâce j'accepte la pose, j'accepte le kebab à 4 diram ( 5 €) pour 3. Le reste de l'après-midi sera l'histoire de trois touristes qui goûtent les jus de canne, les jus de grenade ( sans eau bien sur), on transpire, mais on avance, nous traînerons nos godasses dans les rues, les marchés pour finir à notre repaire, notre chambre d'hôtel.
18 heures, je rompre le silence dans notre chambre, le temps de trouver un resto pour conclure cette journée.
Sur le chemin, le bruit, la poussière, le bordel et le mot d'ordre de la rue, il faut s'imposer pour traverser sinon nous resterons définitivement sur notre trottoir. Le resto nous accueil avec le sourire. Une bière, là aussi définitivement faut que j'oublie, on ne rigole pas au Moyen-Orient avec les mécréants, se sera donc pepsi, panaché de brochettes grillées et accompagnées de houmous. Le retour se fera dans une errance nonchalante sur les trottoirs animés, nous suivons nos pas qui nous ramènent à notre hôtel.
Fini pour aujourd'hui.
La mer morte.
Il y a ces moments qui rassemblent, aujourd'hui en est la preuve. Il y a des sourires qui ne trompent pas, il y des silences qui en disent beaucoup, il y a des respirations qui s'arrêtent parce qu'il y a des endroits sur terre qui vous coupent le souffle.
Nous nous sommes enfoncés dans notre taxi à l'heure ou le soleil diffus ces premières chaleurs, le chauffeur roule dans ce labyrinthe de rue qui nous déposera à l'aéroport pour récupérer notre véhicule de location.
Voilà les vagabonds, le sourire aux lèvres qui partent pour une journée qui sera extraordinaire, mais ça il ne le savent pas encore. Que ce soit chez nous ou ici le GPS nous trimballe à travers les petites rues de petits villages, mais le monde est intéressant à tous les coins de rues. Alors, ça anime les conversations, ça pose des doutes sur l'espérance d'un monde meilleur, pauvretés, pollution à outrance, des vies sans espoir et des regards méfiants, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Alors nous roulons. On se promet de ne plus se plaindre.
La route serpente dans un décor minéral, on se raconte l'histoire de Moïse et du bout de son exode, car la route nous mène au Mont Nébo là où Moïse mourut à l'âge de 120 ans devant la terre promise.
L'endroit nous laisse bouche bée, un vent chaud souffle dans les oliviers, l'endroit est magique, l'émotion est garantie. Nous en prenons plein les yeux, la vue et un hommage à la vie, j'ai des mots, mais pas ce pour décrire la magie du lieu, alors je vous donne des adjectifs : extraordinaire, magnifique, sublime, stupéfiant et magique.
Nous quittons l'endroit avec regret, nous gardons les yeux grands ouverts pour ne pas avoir à regretter, mais ça y est la nostalgie nous rattrape.
La route nous fait tourner la tête, chaque kilomètre écrit notre histoire, la mer morte nous dévoile ces premiers flottements bleus, la brume au loin ressemble à un crépuscule, la lumière est magique. Nous caressons ces rives sur plusieurs kilomètres à la recherche d'une plage, et au détour d'un virage la chance nous souris, la plage "no swinning" (joli nom pour une plage) nous accueil. Faut dire que toutes les plages sont privées les Hilton du coin sont à la queuleuleu, le reste est inaccessible. La mer morte est là au bout des doigts, alors soyez indulgent le désespoir nous guetter.
Équipés pour le grand plongeon, maillot de bain, lunettes anti éclaboussures, serviette et bouteille d'eau pour les accidents. Alors comme trois enfants, timidement nous prenons la température, à 38° extérieur nous devenons des enfants dissiper. Et là, la magie opère, nous flottons, nous sommes redevenus des enfants, nous avons du mal à y croire, nous y sommes, nous en profitons, car nous savons le moment éphémère. L'endroit est magnifique, entre ce ciel bleu, ces falaises brunes, le bleu de la mer morte et le blanc de ces rives, il n'y a pas de doute nous vivons un moment inoubliable.
Mais sans prévenir, L'eau salée pénètre lentement dans notre corps via les pores de notre peau, la soif nous envahit, et le corps crie au trop salé, il est temps de retrouver le monde des grands.
Le retour à la voiture se fera dans une nuée de mouches friandes de petits blanc salée à point. Une bonne douche dans une gargote, les enfants sont devenus grands. Nous avons créé du regret, de la nostalgie.
Il est temps de reprendre la route, Madaba nous attend, nous sommes prisonniers de notre futur, alors on se laisse pousser par le vent qui nous arrache a notre présent.
Sur la route de Pétra
Ce matin, ce n'était pas pain chaud, confiture et café au lait. Notre appartement ne fournit pas cette prestation, pas cher, pas breakfast. Alors on sort les dosettes de secours et on commence bien la journée.
Aujourd'hui, 5 h de route, on part, on quitte, mais ce que l'on quitte, on ne l'oubliera jamais. Quelques grignotages dans les rues touristiques de Madaba, on a jeté un coup d'œil à une carte du moyen Orient en mosaïque, aussi vieille que la nuit des temps.
Nous faisons le plein du véhicule et plein du port monnaie. Direction Petra par la route des rois (250 km=5h30 de route).
J'embarque ma petite troupe, les carreaux grand ouvert, on oubliera la clim elle a baissé les bras. La route nous donne encore le tournis, le torticolis n'est pas loin, alors ne pas louper le virage.
Alors je regarde devant et j'ouvre les yeux, ce n'est pas toujours simple, à chaque virage, les décors frappent au carreau. Alors de temps en temps, je fais la pause, car au détour d'un millième virage, le décor est encore plus grand que le précédent.
Le virage de midi et le bon, 4 taules font un bar/restaurant, je stoppe, un bonhomme nous accueil, ces mots et son sourire nous rassure, il nous invite, il me demande un sourire, car, notre joie à l'air d'être son moteur. Il nous installe, il nous prend dans ses bras, le moment est riche, le moment marque cet instant, nous nous laissons emporter par sa bonne humeur. Il nous fait une omelette devant nous, va cueillir de la menthe pour le thé.
Merci pour cet instant que nous n'oublierons jamais même quand se voyage aura pris la poussière.
Un panneau "Petra"; nous sommes sur la bonne piste, un orage plus loin, des demis-tours pas prévu, des siestes qui donnent envie, des routes désertes pendant des kilomètres, des litres d'eau chaude qui font penser à un mauvais thé, Pétra, nous venons d'arrivés.
Pétra
Laisse-les me porter à ta montagne sacrée là où tu demeures à travers le désert et par la montagne jusqu'au canyon du croissant de lune. Tu pourras atteindre le temple ou la coupe contenant le sang de Jésus-Christ réside a jamais.
- La saint Graal, professeur Jones.
Indiana Jones et la dernière croisade.
Rappelez-vous de votre enfance, rappelez-vous de ces matins de Noël ou vos yeux encore embués et votre cœur battant, vous ouvriez votre porte de chambre, et, timidement dans le couloir d'un pas hésitant vous le traverser ce couloir qui vous menait devant le sapin de Noël ou un petit trésor se trouvait.
Et bien, malgré les rides de mon visage, je suis retournée en enfance, le couloir était si long que j'ai mis un bon vingt minutes à le traverser, je dépassais plein de gens qui voulaient piquer mon cadeau, le cœur battant à chaque détour de ce long couloir qui serpente dans ce canyon, pourvu que le père Noël ne m'a pas oublié...
Alors comme un enfant surpris, le père Noël est passé, le moment magique, le moment de grâce, celui, juste avant d'ouvrir les cadeaux.
Le trésor est là, nos yeux le caresse, nous l'avons notre moment de grâce.
Mamie, tes silences valaient mieux que des histoires, qu'est qui a fait pencher la balance ? On sait que tu as fait de ton mieux. Mais parfois, les silences sont plus forts que les grands discours, mais une famille, c'est de l'amour, alors dans nos silences nous, on t'aime, et par ces mots " pour mamie", vois y un message d'amour.
Le cadeau déballé, le moment magique passé nous avons pris les chemins de traverse, après quelques grimpettes, une musique nous revenait toujours en tête, et quand une musique vous tient elle ne vous lâche plus, bien sûr celle d'un célèbre archéologique, Indiana Jones, l'endroit si prête à merveille.
Assis sur le bord de notre monde, nous consultons notre carte, pas au trésor, mais plutôt celle qui va nous crée des souvenirs. Alors espoir, ou désespoir devant le chemin, l'avenir va nous le dire, pour le moment, il va falloir franchir la montagne qui se dresse devant nous, je ne sais plus où j'ai perdu ma respiration, certainement au même endroit où j'ai perdu un poumon. La machine Claux mettra quelques kilomètres à mettre en route, mais une fois démarré la machine tourne comme une horloge.
Le loulou m'a super surpris, pas une plainte, et pourtant le chemin était super compliqué, il a tout encaisser sans broncher. Donc, une médaille "Indiana junior".
Ma Google traduction, tousse, peine, crache, mais turbine il y a du Claux dans le moteur.
15 kilomètres en 5 heures, pour vous dire quelle était coriace. Mais tout au long du chemin, il y avait une surprise qui nous donnait le courage d'aller voir plus loin, plus haut. Les Marches interminables, les décors époustouflants, les temples innombrables, des sons de flûte dans les échos des gorges, ces montagnes qu'on pourrait prendre pour des fausses tellement le décor est surréaliste. Quel grand moment de vie.
Bien sûr, il y a des erreurs, il y a ces poubelles, il y a tous ces vendeurs de brique et de braque, il y a ces sourires de ces enfants qui m'en vol un (la c'est moi l'erreur), il y a ces enfants qui ont zappé la case école et qui sont passés direction à la case travail.
Demain 5 h 30 , Petra, nous te voulons rien que pour nous, un cadeau de Noël ça ne se partage pas.
Pétra deuxieme jounée
5 h 30, le réveil sonne, ça pique. Remplir une vie n'a pas de prix ou d'heure. Le jour est encore prisonnier de la nuit, mais le jour ne va pas tarder à s'échapper.
Les yeux sont encore endormis dans la voiture qui nous mène aux portes de Pétra. Le jour commence à fuir la nuit, nous sommes les premiers sur le site, les montages se dessinent sur le ciel sombre ou le jour balbutie ces premières lueurs. Nous marchons seuls dans ce grand canyon plongé dans la peine-ombre, nous sommes encore muets, la nuit n'est pas encore terminée pour nous.
Le trésor est là au même endroit que nous l'avons laissé, mais il y a quelque chose en moins, les touristes sont absents, l'air de rien, ça change tout, le trésor est plus solennel, du mystère sans dégage, alors on s'accroche à cette image qui parait si irréelle. Le jour à gagner son pari sur la nuit, le jour est libre, mais nous avons décidé de continuer de rêver, alors ne nous pincée pas.
Perché sur un apic nous prenons notre petit-déjeuner, nous ne sommes pas des oiseaux, mais on a volé, un moment de vie à notre train-train quotidien, alors côte à côte, on partage ce moment.
Nous avons des montagnes à conquérir, le moral est à bloc, nous empruntons les chemins d'un pas conquérant, nous nous enfonçons dans ces maihambres, d'un pas agile, nous gravissons les 425 premiers marches, puis, le corps commence à négocier des ralentissements, des pauses. Les 425 marches suivante sont de longues négociations avec nos cuisses et nos mollets, notre tête dit que la vie est belle et notre corps nous crie, d'arrêter de dire des conneries.
850 marches plus loin, le monastère est atteints, première pause. Je laisse mes frères de galère qui commencent à pleurer, je pars en éclaireur, au détour d'un rocher, j'aperçois un chemin qui serpente à flanc de montagne, ça sent l'aventure, qui m'aime me suive, bin, y mon pas aimé longtemps.
Résultats, 6 heures de marche, 15 km parcourus, 900 calories de perdues et 124 étages grimper, des décors à couper le souffle, des escaliers à n'en plus finir et les jeunes sur les rotules. Nous finirons par stopper un bus 4x4 qui nous déposera à un parking. Dans un dernier effort, nous trouvons le courage d'aller faire un dernier adieu au trésor de Pétra. 15 h, la paix est revenues, nous venons de rentrer.
Wadi rum
Aujourd'hui, on avance, l'avenir, c'est devant. J'ai laissé dormir les loulous, aujourd'hui les projets sont simples, prendre la voiture direction le désert de Wadi Rum, 2 h de route.
14 h, un pick-up nous attend, nous chargeons nos sacs à l'arrière, c'est parti pour une nouvelle aventure.
J'ai l'impression d'être à ma place et en même temps, j'ai l'impression de ne plus avoir les pieds sur terre. Entassés à l'arrière de ce pick-up qui roule dans le désert sur une piste défoncée, les jeunes passent du sourire au rire.
Nous sautons du pick-up comme des astronautes qui viennent de se poser sur mars. Nous regardons ce ciel rempli de bleu, ces montagnes qui ressemblent à de grands gâteaux fondus, nous sommes sur une autre planète. Nous sommes seuls dans le camp bédouin, les raisons, guerre en Israël, résultats beaucoup d'annulation.
Installée dans un petit baraquement au décor "tente berbère", le mobilier est sobre, 4 lits en fer et un miroir, mais le côté spartiate libers de la bonne humeur chez mes jeunes. En cette fin de journée, avant-dernier jour d'octobre, nous prenons notre temps à faire nos carnets de voyage et en attendant que le soir tombe nous partons explorer notre nouveau terrain d'aventure. On entendrez presque taper notre cœur dans notre poitrine tellement le silence est profond, nous observons le crépuscule du soleil et celui de notre journée.
Autour d'une table basse, nous faisons le bilan, nous parlons des silences, des demains et de ces surprises, des pages que nous avons remplies depuis notre départ, on échange des idées, on joue au Yam's et pour la première fois le mot départ est prononcé.
Nous sommes dorlotés par notre cuisinier personnel, alors on se nourrit de cet instant parfait.
6 h 45, ce n'est pas encore pour aujourd'hui la grasse mat. Petit-déjeuner sur le pouce, le pick-up entasse nos sacs à l'arrière de sa cabine, et pour nous la benne, les jeunes ne disent rien, mais on échange des sourires des émotions. Nous gravirons des montagnes pour les sources de Laurence d'Arabie, des grandes dunes épuisantes pour les descendre en courant pour gagner un fou rire, des arches naturelles que l'on atteint avec pêne et en râlant, des canyons ou il faut se mouiller les pieds pour découvrir des gravures rupestres, d'autres canyons ou l'on en voit pas le bout et un pic nique à l'ombre d'une montagne.
Nous finirons notre journée, heureux, un bonheur tout simple, sans wifi, sans modernisme, un grand tapis sur le sol, nous sommes pour la nuit sous les étoiles, un coucher de soleil, des rires bêtes, des sourires de bonheur, un feu de camp pour réchauffer les premières fraîcheurs, un thé berbère pour apéritif, nous avons aimé ce barbecue sous nos lampes frontales, un lit improvisé et notre regard qui se perd dans les étoiles qui nous éclaire. Les frontales se sont éteints définitivement, la journée a eu raison de mes jeunes. Adossée à ma montagne, je suis seul avec mes mots, mes errances et mes blancs, j'attends le mot qui exprimera mon regard.
22 h, 12 % de batterie, comme mes jeunes, je vais me faire la belle jusqu'à l'aube.
Aqaba
On ne pouvait pas poser nos sacs à Aqaba sans passer par la case plongée, alors après tous les horizons que nous avons parcouru, il nous manquait le fond des océans, et bien, c'est fait.
Une fois équipés, nous avons mis la tête sous l'eau, le corps a suivi, nous avons bullé jusqu'au fond. Les jeunes ont adoré le moment. Le reste de la journée nous avons continué à buller, mais là sur la plage.
Merci.
Petit bonhomme, du haut de tes 10 ans, il y a en toi de la force et de la fragilité, j'ai aimé marcher dans le sable à côté de toi, j'ai aimé tes absences de sourire devant une pose, et tes sourires qui valent tous les mots, j'ai aimé ton calme devant la difficulté, les réveils tôt, les repas sautés, les engueulades, j'ai aimé tes fous rires et nos discutions, je n'oublierai pas tous ces petits détails qui font que tu es toi, j'ai tout pris sans trier.
Petit bonhomme, c'est la fin, c'est bête, je commençais à m'habituer à ta fragilité, à tes doutes, tes questions, tes moments de flottement devant tes incertitudes. Petit bonhomme grandit sans vouloir être un autre, il y a quelqu'un de bien et de beau, je l'ai vue dans tous nos moments et dans les mots que tu m'as donné.
Il y a mes rides et tes 18 ans, mon ordre établi et ta vision des choses, il y a mon manque de mot et tous les tiens, je fais ce que je peux, mais il y a ce que tu veux. Mais parfois, il y a une fissure, un petit je ne sais pas quoi, un petit truc de fragile, il faut faire vite la porte se referme rapidement. Discret, j'ai pris, j'ai pris tes sourires, ta jeunesse, tes "papa", ton regard qui croise le mien, j'ai pris ces moments de vie que tu m'as offerts, alors ma fille avant que s'estompe ce voyage, merci de ce présent que tu m'as offert.
Demain, Amman 400 km. On rentre. Ceci est mon dernier rapport. Merci de nous avoir suivis.