Le Rajasthan " New Delhi ".
Ce qui frappe au début c'est le bruit des klaxons de tonalité différente, fortement insistants qui forment un orchestre désaccordés. A tout cela, vient se greffer le brouhaha de la foule, des haut-parleurs aboyants des slogans politiques, ainsi que le capharnaüm géant des rues, taxis, rickshaws, tuk-tuk, vendeurs à la sauvette et des centaines de gens que dis-je, des milliers, déambulant dans toutes les directions. La pollution est omniprésente, visuelle et odorante et les 35 degrés n'arrangent rien.
Aux effluves d'encens, de nourriture épicée se mêle la putréfaction des déchets abandonnés, un kaléidoscope de multiples couleurs vestimentaires embelli les rues. Les bâtiments sont fatigués de ce désordre permanent, tous nos sens sont en alerte. La fatigue des dernières heures se fait de plus en plus pesante mais le dépaysement total nous éveille. En quelques heures d'avion deux civilisations se heurtent. Comment peut-il y avoir autant de différence sur une même planète? C'est ici que je suis, c'est ici que je trouve les mots et c'est ici que les gens que j'aiment me manquent, je suis à ... NEW DELHI!!!
Mardi 8 Avril 2014.
New Delhi... 8h00 du matin, avec une impression de 4h30 (ce qui est vrai avec le décalage horaire, heure française), l'impression est amplifiée, la chambre n'a pas de fenêtre (monnaie courante dans les hôtels en Inde).
Petit déjeuner sur la terrasse avec vue sur la rue, les premiers décibels agressent déjà nos tympans, la folie des rues n'a pas d'heure, devant notre jus de mangue nous regardons ce théâtre comique à ciel ouvert.
Tel des plongeurs en apnée, nous prenons une grande respiration et plongeons dans ce torrent humain. Notre programme, le Fort Rouge, une énorme forteresse en pierres rouge de 1640.
Puis l'immense bazar le Chandni Chowk, ambiance assurée, la rue de notre hôtel n'est qu'un ruisseau à côté de ce fleuve humain, les 1,2 milliard d’hindous sont là, juste là... Nous picorons de ci de là quelques nourritures indiennes sur des étables à même la rue, nous nous arrêtons pour regarder des scènes de vie, malgré l'impressionnante densité humaine nous ne ressentons aucune insécurité (bien sûr les précautions son une affaire de bon sens), quelques personnes viennent à notre rencontre, par curiosité ou par intérêt, ils nous abordent gentiment et sans insistance (bon ok Carole est douée pour les aborder et moi... pour les virer).
Nous observons des artisans exerçant des métiers "perdus" chez nous depuis des années, barbier de rue, couturier, coiffeur, vendeurs à la sauvette de tout et n'importe quoi. Il faut bien nourrir une population de 1,2 milliard, dont 75 % analphabète et sans ressource. Visite de la grande mosquée appelée Jama Masjid, édifiée en 1650 on peut y mettre 25 000 fidèles, c'est la plus grande d'Inde, bien sûr les chaussures restent à l'extérieur et les femmes se couvrent les épaules. Nous en profitons pour faire une petite prière, en respectant l'orientation, vers l'ouest (direction de la Mecque de là où nous nous trouvons). S'en suis une chasse au trésor pour retrouver nos chaussures à l'entrée parmi des milliers. Nous longeons les bâtiments à la recherche de fraîcheur, la température avoisine les 35 degrés à 13h00, mais nous en avons vu d'autre.
16h, nous prenons la direction de notre hôtel, de petites altes en visites curieux, en rickshaw (tricycle à mouvoir à la force des jambes), en tuk-tuk (tricycle à moteur n'ayant qu'une seul règle "arriver le premier"), nous mettrons 2 heures pour 2 kms, les sensations sont garanties, on se fonce dessus, on se coupe la route, on se frôle, on klaxonne, on double à droite, on double à gauche, on accélère fort, on freine d'un coup, on sourit, on ferme les yeux, on fait une prière, on se retient pour crier et 100 roupies (1 €20), le tour de manège à sensation le plus long et le moins cher du monde. 18 h, après une bonne bière indienne, nous assisterons à une fête religieuse comme il y en a beaucoup dans ce coin du monde.
Nous nous coucherons épuisés par tant de différences culturelles.
Mercredi 9 avril 2014.
Aujourd'hui départ pour Agra, cette ville du sud-est ne vous dit rien! Et pourtant elle il y abrite l'une de 7 merveilles du monde le "Taj Mahal".
" Là " Carole est avec moi donc plus coule, pas d'aventure à la Philippe, nous réservons donc une voiture avec chauffeur, 29 € par jour.
Nous prenons l'autoroute, et là les hindous font du grand Mendès, la queue au péage fait déjà penser au dessin animé "Satanas et Diabolo", nous y croisons des camions surchargés... d'humain, quand je dis surchargé c'est surchargé. Il faut le voir pour le croire. Il y en a même qui sont debout sur le pare-choc et qui se tiennent comme ils le peuvent, des troupeaux de biquettes sur des bretelles. Des gens traversent tranquillement les 6 voies, des tracteurs sur la voie du milieu et le pire de tout des véhicules qui roulent en sens inverse, et notre chauffeur n'a pas l'air plus affolé que ça, ça le fait même sourire, tout cela amplifié car il roule à gauche.
Bon ok, on reste cool et on garde notre sang froid, c'est ça les voyages, du dépaysement et un brin d'exotisme.
Chose que je n'aime pas faire c'est de comparer notre culture à une autre, mais là je comparre, et c'est le bordel... Et j'ai l'habitude des voyages.
A Agra, je comprends les "ATTENTION" du guide du routard, on croyait avoir vu le pire à New Delhi et bien non, comme quoi les voyages sont pleins de surprises. Dans le jeu "super Mario", on monte d'un niveau et on rajoute les vaches qui s'en foutent, des singes qui sautent partout, des charrettes tirées par des vaches qui s'en foutent encore plus et pour finir (ne jamais dire finir en Inde), des troupeaux de buffles, et les derniers que j'ai vu était des maîtres dans l'art du zen.
Faut le voir pour le croire. Bon fini la rigolade, passons en mode touriste. Visite du Fort Rouge, nous avons découvert la visite avec guide francophone et là on en sort moins bête. Je vous l'accorde, on ne retient pas tout, on ne sait pas si il veut nous "bourrer" le cerveau ou nous vider les poches, mais ça reste instructif. J'ai appris pleins de choses et pour le tarif j'ai ouvert plein de partie de mon cerveau que j'avais laissé à l'abandon.
Du Fort Rouge on aperçoit la richesse et la puissance de l'empire mongole qui dominaient l'Inde. Puis visite d'un mausolée, nous finirons la journée sur la rive opposée du Taj Mahal, là où Roméo voulait se construire le même mausolée que sa Juliette, mais en noir, mais il est mort avant, du vrai Shakespeare.
18 h nous admirons le coucher du soleil sur le Taj Mahal, je souhaite un joyeux noël à ma bien aimée car ce voyage, c'est son cadeau. Plus romantique que moi vous ne trouverez pas. 18h30 fini les papouilles et autre truc nié, la bière des grands aventuriers m'attend à l’hôtel. 19h petit repas en amoureux.
Jeudi 10 avril 2014.
40, 25, 2000. 35, 80 et 1. 40 c'est la température de notre chambre cette nuit, 25 c'est la température affichée sur notre "clim" en guise d'espoir, 2000 le nombre de tour de notre ventilateur qui, s'il va plus vite, il s'envole, 80 c'est le nombre de décibel que développe la clim et le ventilo et 1 pour la première mauvaise nuit.
Bon noël ma chérie... Bon je vais me rattraper, aujourd'hui on visite la quintessence de l'amour, du romantisme, on oubli les cernes et on pense ROMANTISME.
Et bien vous allez être déçu, le Taj Mahal ça ne se raconte pas, ça se vie, ça se sent. Et puis c'est entre moi et ma femme.
Suivra 3 h de route, avec un arrêt à Fatehpur Sikri pour finir à Jaipur, et là je ne vous raconte pas, je n'ai plus d'adjectif, ils sont fous ces hindous, ils sont fous!!!!!
Vendredi 11 avril 2014
Jaipur, 3 100 000 habitants sans les vaches et les chiens sauvages, et d'abord comment peuvent-ils faire un recensement dans un bazar comme celui là.
Bon Jaipur il y a la vieille ville entourée de ses remparts, ça m'a fait pensé à Marrakech, les rues sont remplies d'artisanat local, bien sur le spectacle est assuré sur la chaussée par les 4 roues, 3 roues, 2 roues, 4 pattes, 2 pattes et 2 pieds, ils klaxonnent tous!!! A savoir qui fera le plus de bruit. Ils rouspètent et en plus ils sont tous de mauvaise fois, ils crachent pour évacuer la poussière et la pollution. Ca grouille de partout à une vitesse folle. Imaginez-vous devant un écran en regardant un film et vous appuyez sur la touche avance rapide!!! Tout y est en mauvais état, voitures défoncées, vitres des bus explosées, carrosserie qui tient grâce aux nombreuses couches de peinture faite au rouleau et des affiches défraichies de film Bollywood ou pub (lotion pour devenir blanc de peau). Les vaches sacrées leurs font payées leur karma en provoquant des embouteillages et les chiens sauvages font le concours de celui qui sera le plus "pouilleux". Notre odorat est mis à dur épreuve à cause des égouts souvent à ciel ouvert qui nous embaument de ces effluves où croupissent un autre monde. A chaque croisement des odeurs d'urine réchauffées par une température qui dépassent les 40 degrés se mêlent à des odeurs d'étable jamais nettoyer. Seul la couleur des costumes (le sari des femmes, les turbans kurdes) et la couleur des bazars apportent de la douceur dans ces lieux qui regorgent de vie.
Voilà, ce qui rend les voyages intéressants c'est cette différence de culture, pendant que d'autres n'y verront que du dégoût et ne pourront s' empêcher de tout reporter à leur vie en se disant que la leur est obligatoirement la meilleure, moi je n'y vois qu'un autre monde avec ces différences. Nous y avons gagné abusivement en hygiène mais avons perdu en humanité et en respect d'autrui, ils ont gardé leur âme et leur capacité à vivre en communauté (tout est discutable). Alors pendant que d'autres n'y verront que puanteur et saleté, moi j'y vois une manière d'avoir plus de recul sur ma vie et ne plus à avoir me plaindre (ces propos n'engage que moi).
Se livre à nous, au hasard de nos déambulations, de beaux édifices en grès roses, il y a plein de monuments forts intéressants, des grandiloquentes résidences princières, un observatoire astronomique étonnant et un palais flottant.
Mais le plus impressionnant c'est le fort d'Amber, adossé sur son piton rocheux, ce fort avec ses neuf kilomètres de rempart, nous offre dans son sein un véritable palais des milles et une nuit, (nous y accédons à dos d'éléphant ou à pied), pour nous ce sera l'éléphant. Une impression d'Indiana Jones dans le temple maudit (l'odeur en plus et le parfum en moins, ce qui ont vu le film comprendront). Nous passerons notre après-midi à visiter plusieurs sites dont le city palais où vie actuellement le maharaja âgé de 16 ans, l'observatoire des étoiles et le palais des vents.
Après une journée bien remplie, nous regagnons notre hôtel où nous y attend une bonne bière, une table à l'ombre et une piscine à 30 degrés glaciale mais au combien agréable.
Samedi 12 avril 2014.
Aujourd'hui 7 heures de route : Jaipur, Udaipur.
Je suis un peu barbouillé. Sûrement dû à l'excès d'eau gazeuse périmée (tout est périmé de quelques mois à quelques années, même l'eau est périmée), 7 heures de route avec les fous du volant, à zigzaguer, à doubler à droite, à gauche, à serrer les fesses et à ce dire : "ça y est on y a droit". D'ailleurs j'écris mes textes dans la voiture, c'est plus facile car je vois ma vie défiler...
Dimanche 13 avril 2014.
Udaipur, voilà une ville qui nous réconcilie avec les vacances, notre chambre est super sympa, nous avons un petit salon (matelas avec des coussins) qui donne sur le lac que nous pouvons admirer à travers nos fenêtres de style indien. Ambiance zen. De notre fenêtre nous pouvons observer de l'autre côté du lac (une centaine de mètre). La vie telle que l'on se l'imaginer en inde et que l'on peut voir dans des documents.
Sur des marches immergées, des femmes battent leur linge en mesure avec des palettes en bois, leurs claquements retentissent en écho sur les vieilles façades. Leur travail n'est perturbé que par les rires des enfants qui se rafraîchissent en plongeant dans le lac à quelques mètres d'eux. Quelques vaches sacrées observent avec nonchalance ces scènes de vie où la rouille n'a pas eu d'emprise.
Nous partons à la découverte de cette vieille ville pleine de contraste avec les villes précédemment visitées, les klaxons y sont plus modérés, certainement dû à l'étroitesse des rues, pas de mauvaises odeurs. Quelques efforts ont été fait pour s'adapter à ce tourisme si compliqué.
Le Maharana doit y être pour quelque chose. Il partage sa vie entre Udaipur et Londres.
Nous effectuons la visite d'un très beau temple hindou encore en activité, puis visite du city palace demeure du Maharana encore en place âgée de 70 ans ( Maharana: plus haute distinction).
Après être repassé par notre hôtel pour y prendre une douche rafraîchissante nous partons à la découverte du lac et de ses environs.
19 heures nous assistons à un spectacle de danses folkloriques suivi d'un spectacle de marionnettes indiennes.
Nous finirons notre soirée allongés sur des matelas mode indienne, dans un restaurant au bord de l'eau à déguster quelques spécialités du pays accompagnées d'une bonne bière bien fraîche en admirant le coucher du soleil sur cette ville enchanteresse.
PS: ce que nous prenions pour des oiseaux nocturnes, sont en réalité des grosses chauves-souris aussi grosse qu'un gros corbeau. Bonne nuit.
Lundi 14 avril 2014
Udaipur/Pushkar, 5 heures de route, bon aller je raconte, autoroute 2 fois 3 voies, travaux dans le sens inverse, donc la circulation est déviée de notre côté, et là pas de "SANEF".
En face ils occupent nos trois voies et ils doublent, ils déboîtent à droite et à gauche. Face à nous une armada de gros camions poussifs et multicolores au chargement branle-ballant, dépassant largement leur capacité de chargement et n'ayant aucune option de mouvement brusque sous peine de tout perdre. Des tracteurs sur la voie la plus rapide. S'entremêlent des déboîtements inopinés des motos, les pilotes n'ayant que pour seul sécurité un turban, des voitures zigzaguent rapidement, et nous, nous faisons de même, c'est la guerre, "on va tous mourir".
Le dieu Shiva (il symbolise le rythme perpétuel de la destruction et de la régénération), joue avec nous, tel un jeu d'arcade, nous subissons impuissants, effarés et inquiets, c'est l'anarchie.
Nous attaquons les montagnes, là seul ceux qui ont parcouru les routes montagneuses du Népal peuvent comprendre (hein mon Micka!!!), ou qui ont vu à la tv "les convois de l'extrême".
Routes défoncées, voie unique, rochers sur la route, camions dans le ravin, épaves de véhicules sur le côté de la chaussée et vu l'état, il ne peut y avoir que le chargement qui s'en est tiré. Nous doublons, klaxonnons avec insistance, frôlons la paroi, puis le ravin, doublons dans les virages, notre chauffeur en a apparemment marre de ces 4 heures de route et il est pressait d'arriver, mais OU! Je ne sais pas!!! On lui a peut-être promis un meilleur karma, et nous on nous à encore rien dit; allô la réception pourriez-vous me passer Brahma (créateur des mondes), tu n'aurais pas oublié de nous parler de notre futur karma, communication couper, forfait étranger épuisé, il ne nous reste plus qu'à prier Vishnou (son rôle est de protéger l'univers). Suis trop vieux pour mourir.
Nous arrivons sans aucune égratignure, les 33 millions de divinités hindous ont été bienveillantes. Bon maintenant, je peux le dire, je n'ai pas eu peur.
Pushkar, le chauffeur nous arrête à l'entrée de la ville, super elle est piétonne, chargés de nos sacs à dos, nous traversons le village à la recherche de notre hôtel, les rues sont commerçantes et au premier abord plutôt calmes. Après un bon kilomètre sous plus de 40 degrés au soleil nous arrivons.
L'accueil est plutôt froid, notre chambre plutôt une cellule de prison, il y a quelques tâches entre les trous sur les draps. On ne pourra pas entendre les voisins car la clim devrait étouffer leurs voies. Les mûrs sont bleus pâles. Il parait que le bleu repousse les moustiques, là c'est sûr il n'y en aura pas, ils sont tous éclatés dessus, nous n'avons aucun mal à trouver les boutons pour l'éclairage, ce sont de grosses tâches noires sur le mur. Carole fait la mou, moi, je souri, enfin de retour à la maison (non... je rigole) j'accepte mon karma.
Bon, premier choc passé, la piscine est superbe, ok on ne vois pas le fond, mais on est pas au "club med", et voyons le bon côté des choses ce n'est pas les GO qui vont draguer ma femme, et comment peut-on apprécier le "club med" si on a pas connu ça!!!
Bon on garde la chambre, le patron nous à fait un sourire...