Les couleurs de l'automne au Quebec.
Samedi 21 Octobre 2017.
Bon, comme d'habitude levés 4 h pour prendre un avion à 10 h, cette fois-ci notre destination est le Québec pour deux semaines. Donc, décollage 10 h du mat, et arrivée 11h 30, le même jour : on n'arrête pas le progrès.
Montréal nous accueille avec un grand soleil et une température très agréable pour cette fin de mois d'octobre.
Le temps de faire la queue dans une salle surchauffée, nous voici dans un gros 4x4 pourvu d'un énorme V8 ; comme tout bon cow boy il m'a fallu quelques minutes pour maîtriser les fougueux chevaux sous le capot.
Et voilà, à peine remis de nos émotions que nous roulons sur les grandes artères de Montréal, parmi ces gros camions et ces voitures cela nous rappelle les USA.
Notre destination est Saint François du Lac, petite commune aux maisons typiquement Canadienne, l'endroit est sublimé pour les couleurs de l'automne, les arbres ont revêtus leurs couleurs de rouille et le soleil bas de ce milieu d'après- midi, magnifie l'endroit.
Sans difficulté nous arrivons à destination, le gîte réservé est fort simple mais l'accueil des propriétaires efface la modestie de notre chambre.
Notre mission est de tenir, car le décalage horaire commence sérieusement à se faire sentir ; il faut dire que nous sommes debout depuis 4 h, en y ajoutant un décalage horaire de 6 h, il est 18h heure locale ; alors que notre métabolisme est encore à 00h, les minutes commencent donc à peser lourd sur les paupières.
Nous finissons notre soirée autour d'un bon repas en compagnie des propriétaires qui sont aux petits soins pour nous.
Et pour le reste ce n'est qu'une longue agonie qui ne se terminera qu'au fond de notre lit à 20h30.
Dimanche 22 octobre 2017.
5h, les deux yeux grands ouverts, le temps me paraît long.
Carole et Charlotte ne tardent pas à venir me tenir compagnie, quelques moments de rigolades viendront couper le temps qui s'écoule inexorablement dans une nonchalance déprimante ; les yeux ouverts n'ayant que pour décor notre imagination, ne les fermant que dans l'espoir d'un hypothétique sommeil qui ne reviendra pas de sitôt.
Les premiers rayons de soleil nous libèrent de notre impatience, nous nous apprêtons pour un des moments fort (très) important de la journée : le petit déjeuner.
Installés confortablement dans la salle à manger inondée d'odeur de café et de tartines grillées, la compagnie des propriétaires, toujours aussi agréable, nous fait découvrir les saveurs d'un petit déjeuner Canadien ; le sirop d'érable, le beurre de cacahuète en accompagnant le tout bien sûr de l'accent Québécois qui sonne comme un jeu où il faut réinterpréter les mots.
Le soleil est bas en ce début de journée, et les premiers rayons du soleil automnale traversent les arbres inondant les lieux d'une lumière orangée.
Le moment est magnifique, empreint de douceur, de calme et d'une certaine poésie, image de l'automne telle que nous l'imaginons.
Aujourd'hui, comme pour les prochains jours d'ailleurs, serons sans but bien précis. Une longue pérégrination d'un point intéressant à un autre, ponctué par des arrêts conseillés par le guide du routard et par Google. Alors nous prenons un point " B " et nous nous y dirigeons par les routes les plus longues.
3h de route rythmée d'arrêts plus curieux que touristiques, nous voici donc arrivés à notre point " B ", La ville nommée TROIS RIVIERES, à, 40 km de notre point de départ.
Ville fort sympathique, les rues du vieux quartier sont calmes en ce dimanche ensoleillé, l'ambiance nous rappelle les villes des État Unis. Les gros V8 qui démarrent, l'accent des badauds, les avenues larges, attirent notre attention, ne nous y trompons pas malgré la langue nous sommes bien sûr le continent américain. D'ailleurs parler et entendre le français dans cette ambiance outre atlantique est déconcertante.
Google et une revue touristique nous conseillent la visite du musée et de l'ancienne prison.
Après quelques déambulations nonchalantes dans le musée qui abrite des expositions sur la BD au Québec, l'univers des cow boy du Canada, des trucs et babioles à deviner en famille et les sculptures sur bois d'un célèbre artiste canadien inconnu chez nous. Ils auraient fait une expo sur Céline Dion, Roch Voisine ou Garou ça nous aurai parlé
La visite de la vielle prison débute par l'appel de nos prénoms que nous confirmons par un " présent ", notre guide est atypique, la soixantaine, look biker bad boy, des tatouages de mauvais goût, mal faits en voici en voilà, le personnage qu'on aimerai pas rencontrer à un coin de rue sombre.
Et pourtant, derrière cette carapace de méchant se cache une sensibilité à fleur de peau, le personnage à cela d'exceptionnel, il y a passé 17 ans de sa vie enfermé dans cette prison d'un autre temps pour meurtre.
Son histoire est simple, la vie peut basculer pour une connerie de jeunesse à 17 ans, pour avoir voulu épater des filles, le lancement d'une pierre dans une boîte aux lettres qui par ricochet finie sa course dans une vitrine lui vaut une condamnation de 3 mois. Devant la lugubrité des lieux, entouré de tueurs d'hommes sans foi ni loi les larmes d'un gamin de 17 ans n'avaient que pour consolation :
« et le tiot cul soit tu arrêtes de chialer soit on t'arrête de chialer. »
Allant d'humiliations en violences le " tiot cul " un jour, décida de ne plus se laisser faire en repoussant violemment un de ces tortionnaires, celui-ci, dans sa chute, viendra se briser la nuque sur le coin d'un lit en fer, le "tiot cul " à une semaine de sa libération, pour un caillou, il prendra 17 ans pour meurtre.
Et bien le bougre il sait y faire pour nous ramener sur terre, la visite sera riche en émotions et en souvenirs, le biker a fait place à un homme brisé avec dans son regard la richesse d'une expérience qu'il ne souhaite à personne.
Visite hors du temps et d'une autre époque, pas si loin de nous puisque la prison fermera ses portes en 1986.
Voilà, la porte se referme derrière nous, une bouffée d'air frais de liberté nous rappelle que notre liberté ne tient qu'à un caillou.
Motel " coconut ", motel très américain, avec ses chambres les unes à côté des autres, le parking face à la porte ; notre gros 4x4 Dodge très américain lui aussi confère à l'endroit une ambiance de vieux film américain : "PSYCHOSE" d'Alfred Hitchcock n'est pas loin.
Lundi 23 octobre 2017
Le Québec a cela d'extraordinaire, le décor que vous trouvez magnifique au premier kilomètre est toujours magnifique 300 kilomètres plus loin.
Cette journée n'a rien d'extraordinaire nous entamons une transhumance de Trois Rivières à Tadoussac. Réservation faite sur « booking » dans un petit gîte au bord du Saint Laurent.
Tadoussac est connu pour ses baleines et autres mammifères marins qui viennent s'alimenter dans ses eaux riches en plancton.
Sur la route, comme d'habitude, je fais le point sur notre destination car soucieux du bon déroulement de notre voyage : là quelque chose m'interpelle :
Notre gîte m'est signalé à côté de Tadoussac, jusque-là pas de problème, mais sur l'autre rive du Saint Laurent, et à cet endroit l'autre rive est à plusieurs kilomètres… Problème !
Parlant couramment le Québécois ( ce qui me connaissent savent que je parle couramment plusieurs langues, ne me demandez pas lesquelles, je connais aussi tous les gros mots dans toutes les langues ), j'entreprends d'appeler notre future tenancière, et lui explique la situation, très gentiment elle me répond
- « c'est plat te trouver de s'côté là, la rive, capote pas va trouver une solution, y a qu'à annuler, j'annule de mon côté et te demande pas un bidou, façon ton char peu plus traversé à s't'heure ci, et j'vai pas ambitionner su' l'pain béni en te réclament des bidous. A tantôt . »
- (traduction): c'est ennuyeux de te trouver de ce côté-là de la rive, t'énerve pas on va trouver une solution, y qu'à annuler, j'annule de mon côté et je ne te demande pas d'argent. De toute façon ta voiture ne peut plus traverser à cette heure-ci, et je ne vais pas abuser de la situation avantageuse pour te réclamer de l'argent. A bientôt.
Ça s’est fait. Y a plus qu'à changer nos plans, donc re-réservation et vu le retard que l'on a pris "la malbaie" fera l'affaire et pour Tadoussac on verra plus tard.
Voilà comment on peut avoir l'air con après une journée de route en se trouvant du mauvais côté de la rive. La morale de cette histoire est de ne jamais faire confiance à internet.
Bien installés dans notre petit hôtel devant une bonne bière mon char bien garé et pas un « bidous » de perdu. Ouf.
Mardi 24 octobre 2017
On s'écroule à 20h30 nous nous sommes réveillés à 5h du mat le décalage horaire fait encore son effet.
Carte et guide sont étalés sur la table du petit déjeuner, nous planifions notre itinéraire pour les prochains jours ; le directeur de l'hôtel un vieux monsieur aux cheveux gris nous propose ses conseils et vient s'assoir avec nous, "adorable" il n'y pas d'autre adjectif "Adorable".
Notre prochaine destination sera donc "Tadoussac" un des seuls endroits où l'on peut encore voir des baleines facilement et cette fois-ci réservation de notre gîte du bon côté.
J'en profite aussi pour réserver le bateau pour notre petite expédition et bien sûr j'ai réservé le moins confortable mais il restera, pour moi, le plus inoubliable.
Le char (voiture en québécois ) chargé, nous serpentons sur les routes sinueuses qui longent la rive du Saint Laurent, le décor est magnifique, la rive opposée disparaît à l'horizon. Nous sommes dans une région de moyennes montagnes et la saison aidant les quelques monts qui s'offrent à nous sont magnifiés par ce kaléidoscope de couleurs automnales. De temps à autre une maison Canadienne sur le bord d'un petit lac nous rappelle les images qui nous faisaient temps rêver.
Nous montons et descendons ces petites montagnes, ici les virages ne servent qu'à suivre la côte, mais pour ce qui est des montées, ça grimpe, ça grimpe en ligne droite et ça descend, ça descend aussi en ligne droite, ce qui occasionne des pentes à 15°, et bin les freins y pleurent.
Après la traversée d'un petit fjord sur un ferry nous voici enfin arrivés à Tadoussac, petite bourgade qui ne doit pas être aussi tranquille qu'elle en a l'air, car les infrastructures touristiques sont nombreuses. Pour mon plus grand bonheur l'endroit est super calme nous sommes en basse saison et toutes les infrastructures touristiques ferment avant l'arrivée des premières neiges.
Chaudement habillés nous nous présentons à l'embarcadère à 13h00, revêtus de cirés de couleurs flachie (certainement pour nous retrouver plus facilement au fond du fleuve (+330 mètres de fond et l'eau à 4°).
Nous sommes quand même une cinquantaine à embarquer, il y en 47 de trop pour moi, mais c'est comme ça, alors malheureusement on fait avec.
Nous embarquons sur un gros zodiac, et tous moteurs vrombissants nous prenons le large. Après seulement quelques minutes le bateau s'arrête, et là, à quelques mètres de nous des "rorquals" apparaissent, ce sont des baleines d'environ 20 mètres, c'est le deuxième plus grand animal vivant sur la planète, nous les observons, ils plongent pendant quelques minutes et réapparaissent quelques secondes plus loin.
C'est assez impressionnant.
Comme la chance nous sourit nous partons à la recherche de la baleine bleue, elle peut dépasser les 30 mètres de longueur et 170 tonnes, c'est le plus gros animal vivant sur notre planète.
Le zodiac repart tous moteurs rugissants, direction le large à vitesse grand V, et là c'est la douche, nous sommes contre la vague, le bateau claque nous faisant décoller de notre siège , à chaque atterrissage une énorme gerbe d'écume vient noyer le bateau, au bout de quelques minutes nous sommes trempés, même sous nos cirés, c'est la douche j'vous dit, c'est la douche et il ne fait pas chaud du tout.
A 100 mètres un geyser d'eau est aperçu.
- "Baleine bleue à l'horizon" s'écrit un marin.
Changement brutal de direction, nous jouons au jeu du chat et de la souris avec elle un coup je suis là ,un coup je suis plus là.
Le retour est plus calme, le zodiac surf sur les vagues ce qui occasionne beaucoup moins d'écume. Sur notre retour nous observons des bélugas (petite baleine blanche).
Après 3 h de navigation nous rentrons au port riche d'une nouvelle expérience. Complètement trempés mais .
Mercredi 25 octobre 2017
5h du mat, la corne de brume du ferry me réveille.
J'aime ces bruits qui ne font pas partis de mon univers, un peu comme le Muezzin qui appelle à la prière à 5 h du matin dans les pays musulmans.
Le son de la corne est presque étrange, on s'imagine ce gros bateau qui avance avec prudence dans un épais brouillard, un autre monde vit pendant que je suis encore dans mon lit.
7h, nous avions décidé la veille d'entreprendre à 7h30 une randonnée sur un petit sentier, appeler " le sentier des ancêtres ".
Cette randonnée nous mènerait sur les bords du Saint Laurent où nous aurions peut-être la chance d'y apercevoir quelques cétacés.
La vue depuis notre fenêtre et le clapotis sur la toiture ne nous rassurent pas sur nos projets.
Effectivement la corne de brume ne sonnait pas pour le folklore, en plus de la pluie , un épais brouillard nous condamne à ne discerner que quelques maisons.
Nous avons beau fouiller l'horizon aucune lueur d'espoir, cela n'augure rien de bon pour la journée.
Le copieux petit déjeuner pris, et profitant d'une accalmie, nous nous hasardons sur le sentier, mais l'aventure est de courte durée, un crachin froid nous fait renoncer malgré notre bonne volonté.
Aujourd'hui nous quittons Tadoussac, après un énième changement d'itinéraire nous décidons de passer la soirée à Québec.
Québec nous accueille dans un hôtel au pied du château Frontenac, le petit parc se trouvant devant l'hôtel est le terrain de jeu de dizaines d'écureuils et la météo est au beau fixe.
Sitôt installer nous partons à la découverte du vieux Québec.
L'ambiance en cette fin d'après-midi est fort sympathique, les rues sont calmes malgré les touristes et la circulation ; ce vieux Québec avec ses ancestrales demeures ne manquent pas de nous charmer et nous invite, la douceur aidant, à explorer ses vieilles ruelles.
L'ambiance en cette douce fin d'automne est presque printanière, malgré quelques vitrines qui annoncent l'arrivée de Noël.
Ce soir, la météo est généreuse et l'endroit est plein de charme, Carole et moi déambulons nonchalamment dans le vieux Québec à la recherche d'un petit restaurant, car Charlotte nous a donné notre soirée.
Jeudi 26 octobre 2017
Les jours passent mais ne se ressemblent pas, effectivement la douceur printanière d'hier à fait place à un temps automnale, il pleut à grosses goûtes et bien sûr il fait gris.
La visite de Québec s'annonce humide, le charme d'hier à fait place à la morosité.
Le gris du ciel, les parapluies multicolores et les ponchos plastiques gâchent un peu le décor ; pas un instant d'accalmie, il a plu toute la journée, heureusement que l'ambiance vacances était avec nous parce que j'aurais pu conclure par : journée de merde.
14 h 30, nous n'insistons pas et reprenons la voiture pour une autre destination, à nous déplacer sous la pluie autant être à l'abri
Direction Trois rivières pour d'autres aventures.
Vendredi 27 octobre 2017
Le soleil est de retour, je dirais même plus, il fait très beau.
Aujourd'hui nous avons rendez- vous avec la directrice du collège de Nicolet qui nous consacre sa matinée « rien que pour nous ».
Charlotte va avoir le droit à une visite privée de l'établissement et à une présentation de quelques professeurs.
Bon, je ne m'étalerai pas sur le sujet : il y a un monde entre notre monde de l'éducation et le leur : déjà dans la relation prof/élève, dans les moyens matériels et dans les infrastructures : un collège à l'américaine comme dans les films.
Il me faudrait 5 pages pour raconter le choc que Charlotte a subi ; si le sujet vous intéresse ou si vous avez une heure à perdre, abordez le sujet avec Charlotte. !
Elle n'en tari pas d'éloges, mais s'il vous plaît , attendez que je sois parti.
Shawinigan, on aime bien prononcer le nom de cette ville, ça fait très américain,
Shawinigan, tient, encore une fois "SHA-WI-NI-GAN ", bon vous l'avez compris nous sommes à Shawinigan, petite bourgade au nord de Trois rivières, nous sommes venus visiter la cité de l'énergie, guide du routard et revues touristiques n'en disent que du bien, "a ne pas louper » ki dise. »
Le parking et presque vide, tant mieux moi qui n'aime pas le monde ça m'arrange. Une fois un l'intérieur, un grand monsieur nous accueille, il nous dit que la cité de l'énergie est fermée. Mazette, c'est bien ennuyeux, plus de 5000 km pour venir voir la cité et elle est fermée.
Le grand monsieur, dit :
- ne bougez pas.
quelques minutes plus tard...
- je peux vous faire visiter, mais pas tout.
Et voilà comment nous avons visité la cité de l'énergie de Shawinigan, pendant deux heures, accompagnés d'un guide, rien que pour nous. Toute la cité rien que pour nous.
Imaginez la cité des sciences à Paris rien que pour vous avec un guide qui vous explique tout. La salle de cinéma que pour nous trois, avec une débauche d'effets spéciaux, la pluie, le vent, la neige, les sièges qui tremblent tout ça dans une salle à 360°, seuls au milieu d'une centaine de sièges vides, une visite VIP !
Le clou de la visite, une tour de 115 mètres, la deuxième plus grande tour du Canada, avec vue panoramique, et bien, rien que pour nous, deux heures de visite sans rencontrer personne, c'est fou. Et bien le mot de la fin de notre guide fût :
- Cela m'a fait plaisir.
C'est fou ça, sont fous ces Shawiniganés.
Après toutes ces émotions, nous finirons dans un restaurant où tu amènes tes boissons sinon tu bois que de la flotte, avant d'y rentrer tu passes par le supermarché, t'achètes ta bouteille, tu t'installes et tu commandes.
Sont complètement fous ces Québécois.
Samedi 28 octobre 2017
Aujourd'hui, nous rendons la voiture et commençons la deuxième partie de notre voyage.
Nous avons réservé la semaine chez Serge un personnage haut en couleurs, nous allons découvrir son univers et son fonctionnement.
Mais pour l'instant on y est pas encore, comme «d'hab », avec moi y a pas le feu.
Nous décollons de Trois Rivières, pas trop pressés, direction l'aéroport de Montréal pour rendre la voiture. Sur la route, nous en profitons pour déposer Charlotte et les bagages chez Angéline la femme de Serge et nous redécollés, et comme « d'hab ».
La vie elle est pas compliquée, y a pas mort d'homme, cool bob, on est pas en avance pour rendre la voiture à 12 h,
Je fais quand même le calcul dans ma tête c'est pas gagné du tout, du tout, et faut encore faire le plein et traverser Montréal.
La rastacouère va entendre parler du pays. Et bien rastacouère est arrivée à 11h59, le plein fait.
Petit resto avec Serge à l'aéroport, et bien sûr nous lui avons posé des centaines de questions. Nous avançons, nous avançons.
Serge nous a fait descendre une voiture à l'aéroport, lui attendra d'autre clients qui arrivent sur un vol plus tard.
Nous voilà repartis direction Trois Rivières, car entre temps Carole s'est rendue compte qu'elle avait oublié son manteau au motel, donc, re-trois heures de route dans l'autre sens.
Vous pouvez penser ce que vous voulez de moi, mais je suis un mec cool, ok, parfois un peu trop.
18h, nous retrouvons Charlotte qui a passé son après-midi avec Angeline la femme de Serge. Nous on est crevé.
Serge nous annonce que demain matin on décolle à 5h30.
Le boulot c'est largement moins dur.
Dimanche 29 octobre 2017
Debout 4h du mat, et bin ça pique, c'est moi qui vous le dit, heureusement que l'on est en vacances. Nous prenons la direction de Québec, plus précisément les chutes de Montmorency, 3h de route, sur place Serge nous explique le parcours à suivre et nous partons voir ces fameuses chutes qui ont l'air impressionnantes de là où l'on est (200 mètres). Bon, des chutes d'eau, très belles, sa mouille quand on s'en approche et ça fait du bruit surtout quand l'eau tombe de 83 mètres. » Promenade sympa ».
Avec proximité de Québec, Serge en profite pour nous déposer dans le centre. Et bin décidément, Québec y fait chié, pourquoi ? Bin parce que il pleut encore, et qui pleut bien dru. Alors les mêmes parapluies et même poncho toujours aussi mal assorti au lieu c'est chiant.
Toujours sous la flotte et le froid, Serge nous trimballe jusqu'aux chutes de "La Chaudière", là ça décoiffe, c'est méchant, brutal, très puissant, violent et je dirais même plus ça fait peur, plus impressionnantes que les premières, moins haute mais plus large.
Mais il pleut et la flotte nous empêche de nous éterniser.
Sur le retour nous faisons un arrêt chez un " encan ", vous ignorez certainement cet endroit, et bien dans un premier abord c'est un magasin de babioles, en tous cas vu de l'extérieur, et pour un dimanche il y a beaucoup de voitures garées sur le parking. Et bien " encan " veut dire ventes aux enchères, ventes de bric et de Brač à 3 francs, 6 sous. Le spectacle est orchestré par le gérant qui débagoule des suites de mots difficilement compréhensibles, au premier abord ! Le moment est cocasse, une impression de déjà vue à la télévision sur la chaîne 24 (RMC découverte). L'endroit est inhabituel, seul un accoutumé des lieux peut nous faire découvrir un endroit comme celui-ci, les acteurs sont atypiques, empreints d'un folklore local, le commissaire que je verrais plus en joueur de bandgo, déblatéré les enchères à vitesse grand V, et, bien sûr avec l'accent et la chemise d'ici, dans l'assemblée les gens rigolent et achètent. Ambiance d'un petit loto de chez nous. La salle est entourée d'objets hétéroclites, il y en a partout, même au plafond, au gré des ventes des objets sont choisis et sont mis aux enchères, instant hors du temps et quel moment extraordinaire.
De retour au gîte, moi et Carole nous nous imprégnons des lieux, discutons avec Serge et en débattons, il y a de quoi faire, nous avons trouvé notre reconversion.
Il n'y a plus cas: y croire.
Lundi 30 octobre 2017
Il y a une chose qui est sûr, la météo ne sera pas un obstacle pour nous, la nuit a été agité, vent et pluie nous ont rappelé notre Picardie.
Aujourd'hui, visite après un bon petit déjeuner, de la cabane à sucre.
Au milieu des bois, entourés d'essences d'érables, caché comme pour y faire de la contrebande, une cabane, un vieux monsieur de stature solide et le sourire honnête nous accueil. Il va nous raconter sa passion, sa vie, il va nous raconter le sang qui coule dans ses veines, il va nous compter le sirop d'érable.
Des kilomètres de tuyaux en plastique vont d'arbre en arbre, à la saison venue, juste avant que la sève monte, un petit trou de quelques centimètres est fait dans l'écorce et un petit récupérateur d'eau y est introduit. L'érable a cela de particulier, juste derrière son écorce de l'eau sucrée sous pression, et seul un sorcier empreint de passion peu sortir le divin nectar. Moment captivant raconté par un passionné.
La météo s'est calmée et nous congratule même de petites éclaircies. Nous en profitons pour une belle balade dans les bois , sur les bords de très large rivière, nous essaierons d'apercevoir des castors dans une retenue d'eau, seul leur habitat comblera notre curiosité.
Décidément Serge a ses petites surprises de fin de journée, qui apportent un moment de magie.
Le soir tombant, les derniers rayons de soleil fleurtent avec les eaux calmes du marais, les couleurs flamboyantes déchirent les quelques nuages qui lui fond de l'ombre, entre les hautes herbes, des tumulus de branches, habitation de ragondins.
Nous sommes dans un petit troquet, que seuls les locaux peuvent connaître, un rendez-vous des inconditionnels de la nature, encore un endroit hors du temps pour un trop court instant de vie.
Mardi 31 octobre 2017
La météo est bien automnale ce matin, en quelques jours les conditions ont bien changé, aujourd'hui on fleurte avec le 0° , la pluie n'est pas loin et le vent souffle, un vrai temps de saison, lors de notre arrivée il faisait facilement 20°, mais bon c'est comme ça, on fait avec . en tous cas ça perturbe bien le programme de Serge.
Aujourd'hui promenade, nous allons dans les montagnes, pour être plus précis, les moyennes montagnes.
J'avoue que je préfère mon indépendance, j'ai quand même du mal à m'intégrer à un groupe, ma liberté à un caractère de cochon.
Donc, Serge nous promène de pistes en pistes, de petites montagnes en petites montagnes, d'une fromagerie qui ne se visite pas, à un typique magasin général et d'un restaurant fermé à un autre pas à son goût .il passe d’un plan A à un plan B.
Grimpette en haut d'une tour avec un point de vue remarquable, et une vue panoramique sur des centaines de kilomètres avec un vent à décorner les bœufs.
De retour au gîte, les enfants se préparent pour halloween. Ici, on ne rigole pas avec ça, les maisons sont méchamment décorées, souvent avec humour, et bon goût. Serge dépose notre petit groupe devant chaque pâté de maisons où les petits monstres peuvent demander pitance ou jeter un sort, s'ils y arrivent bien sûr.
Ici on ne va que dans les maisons décorées (cela signifie que les gens jouent le jeu), et les gens jouent le jeu, bonbons et autres gourmandises s'entassent dans les cabas, les enfants sont heureux. A la nuit tombée, un des habitants ouvre sa maison qu'il a transformé en maison fantôme, les enfants y font la queue, il faut dire qu'ils y mettent les moyens et de l'énergie dans la décoration de leur maison fantôme.
Un loup garou vous ouvre la porte et à l'intérieur une dizaine de personnes grimés à faire peur prennent leur rôle fort à cœur. Mais que serait halloween sans une bonne peur, et bien Charlotte a eu la frousse de sa vie, limite panique, elle nous a bien fait rire.
Dans ce petit village de Pierreville au Québec, aujourd'hui jour d'halloween, s'était la fête et les gens s'amusaient, vous ne trouvez pas ça étrange, vous.
Mercredi 1 novembre 2017
Le mois d'octobre vient de faire place au mois de novembre, il a gardé avec lui l'espérance d'hypothétiques moments d’été, le froid s'installe et nous annonce que l'hiver prend ses quartiers. Les moments de vie d'hier ne sont que les fantômes de notre passé.
Chaudement habillés, nous embarquons sur le bateau de Serge, le vent et la pluie menaçante, a fait place à un beau temps d'automne, froid et sec.
Le paysage a laissé tomber son manteau d'automne pourtant si beau, il s'est mis à nu, sa belle parure gît sur le sol comme l'espoir encore d'une beauté éphémère.
Les eaux sont calmes, le bateau glisse perturbant la sérénité des lieux, quelques oiseaux effarouchés prennent leur envol, des centaines d’oiseaux migrateurs en formation, nous abandonnent à un hiver certain.
Serge navigue avec prudence entre les hauts fonds invisibles et pourtant si dangereux, le calme de l'eau laisse place à d'impatients rapides pressés d'en finir.
Charlotte prend la barre dans les moments calme, elle fait plaisir à voir, elle qui est comme l'eau, si impatiente de vivre et de grandir. Souvent torrent, parfois tempête, qu'elle ne me laisse pas le temps de lui dire que je suis si fier d'elle, mais peut-être, qu'en l'eau aura coulé elle entendra mes regards remplis d'admiration.
Le bateau vogue maintenant dans cette immense lac que traverse le Saint Laurent, le moteur se lâche, rugit, crache et se défoule, le miroir du ciel automnale se déchire dans l'eau et contraint les canards ou autres volatiles à sortir de leur torpeur.
Le calme est revenu, la proue du bateau écarte les joncs du marais, l'endroit est atypique. Telle des chasseurs, nos sens sont en éveil, le moindre bruit qui trouble la quiétude des lieux, attire notre attention.
La fraîcheur de cette fin de journée et le grand bol d'air à raison de notre promenade, Serge nous offre une boisson chaude dans un petit bar que seul le local peut connaître.
Ma vie est comme cette rivière que nous remontons, tumultueuse, libre et sans frontière, le froid que je ressens sur mon visage est celui du temps qui creuse mes rides pour me rappeler qu'il n'y a rien à regretter et que le passé est derrière, et que l'avenir est devant, hisser haut, terre à l'horizon.